DES RAISONS D'ESPERER POUR LE SOCIALISME MUNICIPAL

Publié le par Désirs d'Avenir 84

 
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19.02.08
 

On les disait paralysés par la défaite de Ségolène Royal à la présidentielle et rendus inaudibles à cause de leurs divisions mais ils se sentent pousser des ailes. 

A moins de trois semaines des élections municipales, les socialistes ébauchent l'inventaire de ce qui ressemble déjà à une victoire annoncée. François Hollande a répété, dimanche, au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, qu'il veut "faire du PS et de la gauche, la première force politique du pays"

Le premier secrétaire estime que l'opposition "peut prendre trente villes" de plus de 20 000 habitants à la droite. Parmi elles, Rouen, Blois, Quimper. Et pourquoi pas Toulouse et Strasbourg.

La spectaculaire baisse de popularité du chef de l'Etat et la difficulté du gouvernement à concrétiser ses engagements sur le pouvoir d'achat contribuent, de toute évidence, à créer un contexte politique défavorable aux sortants de droite. 

A la lumière des dernières législatives partielles, l'UMP redoute un effet de ciseaux : forte mobilisation à gauche mais montée de l'abstention à droite, notamment parmi les électeurs âgés qui, après avoir largement contribué à l'élection de Nicolas Sarkozy, semblent éprouver un sentiment de défiance à son égard. 

Devant l'ampleur des déficits et le constat officiel que "les caisses sont vides", l'opposition fait aussi campagne sur l'imminence – démentie par François Fillon – d'un "plan d'austérité", au lendemain des municipales.

La progression des socialistes pourrait être amplifiée par un retour de balancier. En 2001, le renouvellement municipal n'avait guère été favorable à la gauche – Lionel Jospin était Premier ministre – qui avait perdu une quarantaine de villes de plus 15 000 habitants. 

En partie masqué par les victoires de Bertrand Delanoë à Paris, Gérard Collomb à Lyon et François Rebsamen à Dijon, le reflux n'en était pas moins prononcé. Cette base de comparaison est forcément
valorisante pour la gauche qui, depuis sept ans, a eu l'occasion de renouveler et de rajeunir ses équipes.

Si la situation semble favorable au PS, c'est aussi parce que les grands sujets développés par ses candidats viennent en résonance avec la question – dominante, selon les enquêtes d'opinion – du pouvoir d'achat. Ainsi, la thématique du logement social mise en avant par les socialistes, apparaît plutôt "porteuse" à l'heure actuelle

Le PS peut également compter sur des évolutions sociologiques qui lui sont plutôt favorables. Depuis une dizaine d'années, les centres-villes passent de plus en plus souvent à gauche sous l'effet d'un rajeunissement démographique et de l'arrivée de catégories sociales ascendantes, classes moyennes supérieures sensibles à la qualité de la vie et favorables à un certain brassage social. 

A contrario, le passage à droite de banlieues devenues résidentielles peut faire perdre à la gauche certaines communautés urbaines. Cela pourrait, notamment, être le cas à Lille.

Manquant de crédibilité sur le plan national car il ne dispose ni d'un leader incontesté ni d'un corpus de propositions cohérent, le PS peut espérer compenser cette faiblesse grâce à son vaste réseau de militants et d'élus (la Fédération des élus socialistes et républicains en compte quelque 60 000). Les socialistes tablent sur ces points d'ancrage pour reconquérir les villes perdues en 2001 mais aussi pour faire main basse sur quelques-uns des bastions de la droite, comme Toulouse, Caen ou Millau. Au passage, ils comptent bien ravir au PCF quelques-unes de ses anciennes forteresses de la région parisienne, telle Aubervilliers.

L'optimisme du PS s'appuie, enfin, sur la difficulté qu'éprouvent les listes de droite à obtenir le soutien des responsables locaux du MoDem, y compris dans des villes (Lyon, notamment, et Bordeaux, marginalement) où un accord a été conclu entre les deux partis. 

Dans plusieurs villes (Dijon, Tours ou Montpellier), les responsables du parti de François Bayrou ont décidé de rejoindre les listes de gauche dés le premier tour. Reste que ces rapprochements – qui ne sont pas du goût de la gauche du parti socialiste et encore moins du PCF – posent la question de la stratégie d'alliance du PS. Un sujet particulièrement délicat. 

Plus largement, le paradoxe de cette victoire promise est qu'elle ne faciliterait pas forcément la rénovation. Rue de Solferino, on se souvient que leur écrasante victoire aux régionales de 2004 n'a pas empêché les socialistes de se déchirer sur le référendum européen de 2005 avant d'échouer à la présidentielle de 2007.
 
Jean-Michel Normand

Le revers de 2001

Aux municipales de 2001, le gain net (villes gagnées moins villes perdues) pour le RPR, l'UDF et DL (Démocratie libérale) avait été de 40 municipalités dans les 583 villes de plus de 15 000 habitants

Dans les villes de plus de 30 000 habitants, la droite s'était emparée de Strasbourg, Rouen, Toulon, Châteauroux, Aix-en-Provence, Nîmes, Bourg-en-Bresse, Dieppe, Beauvais, Sète, Montauban, Quimper, Chartres, Orléans, Blois... Elle avait conservé Toulouse et Marseille qui semblaient menacés. 

Avec une perte nette de 23 villes de plus de 30 000 habitants, la gauche plurielle avait enregistré un cinglant revers, hors le gain de Paris, Lyon et Dijon. 

Pour sa part, le PCF avait perdu plusieurs bastions (La Ciotat, La Seyne, Sète, Dieppe, Nîmes) mais gagné Sevran et Arles.

Publié dans NATIONAL

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