Femme debout. Ségolène Royal, entretiens avec Françoise Degois

Publié le par Désirs d'Avenir en Vaucluse

Le livre d'entretiens entre un journaliste et une personnalité politique constitue un exercice qui peut facilement verser dans le dialogue convenu avec un faire-valoir. Nonobstant l'évidente complicité qui lie Ségolène Royal, figure controversée du Parti socialiste, et Françoise Degois, de France Inter - sans doute la journaliste qui connaît le mieux l'ancienne candidate à l'élection présidentielle -, Femme debout échappe à cet écueil. Dans ce face-à-face, où son interlocutrice expose son propre point de vue en préambule de chaque chapitre, Ségolène Royal livre, comme à son habitude, ses blessures narcissiques pour mieux régler quelques comptes. Déprimée au creux de l'été 2008, on la retrouve galvanisée quelques semaines plus tard au sortir de son désormais fameux "show" au Zénith. C'est à ce moment du livre qu'elle s'en prend avec le plus de véhémence à Nicolas Sarkozy, dont elle dénonce "l'incompétence politique crasse", ainsi qu'aux "éléphants" du PS.


Tour à tour mise en confiance et piquée au vif, Ségolène Royal donne à voir les facettes de sa personnalité, éminemment complexe. Le président de la République n'est à ses yeux qu'un "m'as-tu-vu", mais elle admet partager avec lui "un certain nombre de fractures, ou un ego gros comme ça". "Je ferais un très bon chef d'Etat", affirme-t-elle avec une sorte d'ingénuité, mais explique avec un aplomb qui force l'admiration que ses brusques virages sur l'aile constituent une forme "de sagesse, en fonction des situations". Ségolène Royal se dit fière du caractère de "combattante" que lui a légué son père, officier pro-Algérie française, mais c'est pour mieux se féliciter d'avoir su se construire en rupture complète avec son milieu familial. Elle traîne plus bas que terre ces dirigeants socialistes qui la prennent pour "l'illégitime, la bonniche, la stupide, la nulle", avant de certifier, quelques lignes plus loin, "qu'en fait, (elle ne sait) pas haïr".


Avec ses ouvrages, Ségolène Royal entretient un rapport quasi thérapeutique. Dans Ma plus belle histoire, c'est vous (Grasset), elle entreprenait un travail de deuil après sa défaite à la présidentielle. Femme debout, qu'elle définit comme "un livre-vérité", constitue une introspection qui, selon elle, consacre "une forme de résilience". Comme pour prendre, encore une fois, la mesure de sa capacité à utiliser le carburant de l'adversité pour repartir à la conquête du pouvoir.


Source: Le Monde / Photo: Flickr

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