Femme debout. Ségolène Royal, entretiens avec Françoise Degois
Tour à tour mise en confiance et piquée au vif, Ségolène Royal donne à voir les facettes de sa personnalité, éminemment complexe. Le président de la République n'est à ses yeux qu'un "m'as-tu-vu", mais elle admet partager avec lui "un certain nombre de fractures, ou un ego gros comme ça". "Je ferais un très bon chef d'Etat", affirme-t-elle avec une sorte d'ingénuité, mais explique avec un aplomb qui force l'admiration que ses brusques virages sur l'aile constituent une forme "de sagesse, en fonction des situations". Ségolène Royal se dit fière du caractère de "combattante" que lui a légué son père, officier pro-Algérie française, mais c'est pour mieux se féliciter d'avoir su se construire en rupture complète avec son milieu familial. Elle traîne plus bas que terre ces dirigeants socialistes qui la prennent pour "l'illégitime, la bonniche, la stupide, la nulle", avant de certifier, quelques lignes plus loin, "qu'en fait, (elle ne sait) pas haïr".
Avec ses ouvrages, Ségolène Royal entretient un rapport quasi thérapeutique. Dans Ma plus belle histoire, c'est vous (Grasset), elle entreprenait un travail de deuil après sa défaite à la présidentielle. Femme debout, qu'elle définit comme "un livre-vérité", constitue une introspection qui, selon elle, consacre "une forme de résilience". Comme pour prendre, encore une fois, la mesure de sa capacité à utiliser le carburant de l'adversité pour repartir à la conquête du pouvoir.
Source: Le Monde / Photo: Flickr