Femme debout

Publié le par Désirs d'Avenir en Vaucluse

Texte de la députée des Deux-Sèvres, Delphine Batho

Il y a ceux qui en parlent sans l’avoir lu. Ils sont nombreux. Leur verdict est tombé la semaine dernière, une semaine avant la sortie du livre en librairie. Ce livre, ils le font tenir en cinq mots : « Ségolène Royal règle ses comptes ».


Amis lecteurs, si vous vous méfiez comme moi des caricatures, jugez par vous-mêmes ! Car « Femme debout », le livre d’entretiens de Ségolène Royal avec Françoise Degois, journaliste à France Inter, est d’abord un bon livre. De ces livres qui se lisent d’une traite, du début à la page 277.


C’est un livre d’un genre nouveau et c’est probablement ce qui dérange. Jamais jusqu’ici responsable politique n’avait accepté des règles du jeu aussi drastiques : un dialogue entre une femme politique et une femme journaliste sans relecture possible, sans censure a posteriori. « Femmes debout » n’est pas un de ces ouvrages soigneusement insérés dans un plan de com’ millimétré.


L’exercice est donc singulier. Il va loin dans la sincérité, la liberté de ton, la franchise. C’est un exercice risqué. Très risqué même, car c’est toujours un risque de dire les choses telles qu’elles sont ou qu’on les pense, de dire « la » ou « sa » vérité. C’est risqué, mais courageux. Un peu d'authenticité ne fait pas de mal dans un monde politique qui se meurt de tant d'hypocrisie.

C'est donc un livre qui en dit beaucoup sur Ségolène, son instinct de chef et de combattante, sa façon de vouloir tracer un chemin pour les idées nouvelles, entre fermeté d'affirmation et souplesse d'adaptation. C’est un livre qui révèle aussi des aspects moins connus de sa personnalité comme son sens de l'humour, son rapport vital à la nature ou à la vie culturelle.


C’est surtout un livre sur l’engagement politique et son sens dans une vie, et singulièrement dans une vie de femme. Il rappelle cette évidence que même au plus haut niveau, une responsable politique est parfois travaillée par le doute, qu’il faut savoir encaisser et rendre les coups, mais qu'ils peuvent faire terriblement souffrir.


Alors au fond, qui y a-t-il de si embarrassant dans ce livre, journal d’entretiens commencés en juin dernier et poursuivis jusqu’au lendemain du congrès du Parti socialiste à Reims ? Sans doute, justement, le rappel de l'issue édifiante de ce congrès, entre coalition de ceux que tout oppose et vraie fausse commission chargée d'examiner les votes. Il serait temps de passer à autre chose ? C'est vrai, surtout que les dégâts de la crise et de la politique de la droite sont là. Alors pourquoi continuer d'exclure 30% voire 50% et plus du parti ? Pourquoi ne pas rassembler tous les socialistes, sur des bases politiques, en tenant compte de l'exigence de changement exprimée par les militants, des propositions avancées sur la baisse du prix de l'adhésion ou encore l'organisation d'un forum global sur la crise financière ?


Oui, il faut regarder vers l'avenir. C'est la raison de ce livre. Tout simplement parce qu’elle en a « une immense envie » dit-elle au premier chapitre. « Une envie de m’expliquer sur tout, de tourner cette page et de prendre un nouveau départ ».



Source: Désirs d'avenir / Photo: Flickr
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